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L'abbaye de Beaupré-sur-la-Lys au XVIIIème siècle
 
 

Archives Départementales du Nord
Photo S. COMINI

Photographie du plan de l'enclos de l'abbaye dressé fin mai 1792.
A cette date de la Révolution, et en application de la récente "nationalisation des biens du clergé",
- la ferme, ses prés, ses champs, et le vivier ("carperie") viennent d'être séparés de l'enclos central de l'abbaye, et vendus;
- les 37 religieuses, alors momentanément pensionnées par l'Etat en compensation, ne conservent, des centaines d'hectares de toute l'abbaye, que le carré abbatial, et un enclos attenant (cour, jardins, pommeraie et houblonnière), d'une dizaine d'arpents (environ 5 hectares), ici décrits.
Mais, à peine trois mois après ce plan, en août 1792, la royauté sera abolie, et les 37 religieuses de Beaupré seront expulsées.
Quant au carré abbatial, après un essai, pendant trois ans (1792-95), d'en faire un pensionnat, il sera demonté par l'acquéreur, Henri Mather.
Vers 1800 la ferme récupérera ces 10 arpents de l'enclos, désormais arasés et recouverts de terre. Et Beaupré redeviendra un "Beau Pré", comme avant 1220.
 
 
 

Transcription de la "description du plan"

"Description du plan de la ci-devant abbaye de Beaupré, fait par le soussigné Jean François Dominique Monet, par ordre de M.M les administrateurs du directoire du district d'Hazebrouck.
A: la figure marquée à la lettre A est la maison et enclos ci-devant abbatiale.
B est l'enceinte de l'enclos (= le cloître)
C est la prairie à blanchir (= sans doute pour étendre le linge de la communauté).
D est le petit jardin à légumes
E est une partie du jardin aux pommes, borné avec deux grès  l'un posé au coin (= au coude) de la carperie (= du vivier), et l'autre à ligne droite vers le fossé (= le "fossé baïonnette") qui sépare cette partie d'avec le Grand Riez (riez= friche, ou ancienne friche-actuellement = champ à l'est).
F est un hors d'oeuvre, en forme de coignée (= de hache), qui côtoie la brasserie et l'houblonnière.
G est l'houblonnière.
H est la brasserie, qui est fort caduque
J est la petite avant-cour
K est le grand jardin à légumes.
Lesquels articles forment ensemble une étendue de 6 arpents (~ 3 hectares), qui serviront d'enclos à ladite maison, conformément à la loi.

L est une petite (= étroite) langue de terre entre la digue (de la Lys) et le jardin à légumes; dans laquelle se trouve un "lac" (= étendue d'eau, oblongue, à son Sud), qui est le vestige de l'ancienne rivière (= vestige d'un méandre Sud de la Lys, rectifié au début du XVIIIe s.), séparant du bout de levant (= mitoyen à l'Est) avec les prairies de la ferme de la basse-cour; et avec la figure (C) sur les palissades, de midy (= mitoyen au Sud avec) le jardin à légumes (K) et la petite avant-cour (J), de couchant (= à l'Ouest) à perte (de vue ?), et de mer (= au Nord) sur la digue de la rivière; à charge de droit de passage (= de servitude de passage) à perpétuité, du fond dudit enclos et de ladite ferme, pour accéder à la rivière. (passage sans doute donc prévu dans l'axe exact de la drève, au milieu de la petite avant-cour précitée, par le milieu de la muraille Nord de cette petite avant-cour, puis enfin  par le petit chemin représenté ici par les 2 lignes pointillés, de part et d'autre de cette lettre L).
M est la grande avant-cour séparant sur les (= mitoyenne des) vestiges d'une ancienne haÿ?erre (haie), et à ligne directe sur deux tilleuls, l'un vis-à-vis le (= du) coin de l'église, et l'autre vis-à-vis le (= du) quartier du directeur (= la maison du directeur de conscience des dames), allant jusqu'à une borne de grès nouvellement plantée vis-à-vis le (= du) coin dudit quartier. A charge de passage (= servitude de passage entre ces deux tilleuls).
N est le grand jardin aux pommes, séparant comme il est dit à la lettre E.
O est le quartier du directeur (= la maison du moine directeur de conscience).
P est le fonds (= le terrain) qui entoure le quartier, séparant de (= mitoyen de) la borne de grès à droite ligne vers le dormant (= à l'Ouest) au coin dudit quartier.
Q est le jardin à fleurs du directeur (de conscience).
Lesquels articles contiennent ensemble trois arpents neuf dixièmes (~2 hectares).
Pour mémoire que la carperie (= le vivier) entre l'houblonnière, marquée G et le jardin aux pommes marqué N fait partie de la ferme de la basse-cour, ayant été vendue avec icelle (= celle-ci), à cause de la nécessité indispensable des eaux nécessaires à lad(ite?) ferme.
Ainsi arrêté les 25-26-27 et 28 mai 1792
Signé Monet"

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